L’immobilier en France est à un tournant décisif. Annaïg Le Meur, députée du Finistère, récemment nommée présidente du Conseil national de l’habitat (CNH), s’impose comme une figure clé des réformes nécessaires pour répondre à la crise du logement. Dans une interview récente donnée au journal L'Opinion, elle dévoile ses idées pour réformer la fiscalité locative et revitaliser le marché immobilier français. Retour sur les points clés de son interview.
Une réforme nécessaire de la fiscalité locative
Le point central de l’analyse d’Annaïg Le Meur réside dans la critique du régime fiscal actuel des biens meublés. Selon elle, ce système favorise injustement les locations de courte durée, souvent utilisées pour des meublés touristiques via des plateformes comme Airbnb, au détriment de la location longue durée.
Elle met en avant un déséquilibre frappant : sous le régime réel, environ 70 % des propriétaires de biens meublés ne paient aucun impôt grâce à des mécanismes d’amortissement avantageux. Ces dispositions, initialement conçues pour encourager le tourisme dans les années 1970, sont aujourd’hui en décalage avec la réalité économique et sociale, contribuant à la crise du logement en zones tendues.
Des propositions concrètes et ambitieuses
Annaïg Le Meur propose une refonte globale de la fiscalité locative avec plusieurs axes majeurs :
- Uniformisation de la fiscalité : Quel que soit l’usage du bien (meublé ou non), tous les propriétaires devraient être soumis à une imposition identique.
- Abattements équitables : Augmenter les abattements sous le régime micro (actuellement 30 % pour les logements nus) à 40 ou 50 %, pour encourager l’investissement locatif traditionnel.
- Simplification fiscale : Rendre la fiscalité immobilière plus accessible et compréhensible afin de restaurer la compétitivité de l’investissement locatif face aux produits financiers. Ces réformes visent à redonner de l’attrait à la location longue durée, essentielle pour offrir des logements abordables dans des zones où la demande est forte.
Un projet de loi Logement en perspective
La députée insiste sur la nécessité d’un véritable projet de loi Logement, dépassant les simples ajustements budgétaires annuels. Ce texte, selon elle, devrait également répondre aux défis sociaux et économiques, notamment en sécurisant la relation propriétaire-locataire et en assouplissant certains aspects des baux locatifs. Elle souligne également que la crise du logement a des impacts transversaux, notamment sur l’emploi : certaines régions peinent à recruter faute de logements disponibles et abordables pour les travailleurs.
Un enjeu transpartisan
Pour Annaïg Le Meur, le logement est un sujet qui transcende les clivages politiques. Elle croit en la possibilité de rassembler une majorité autour de ces réformes, comme cela a été le cas sur le texte concernant Airbnb. Elle appelle à un effort collectif pour relancer l’investissement privé et soutenir les acteurs du bâtiment et des bailleurs sociaux.
Ces réformes fiscales pourraient redéfinir les règles du jeu, en favorisant une meilleure équité entre les différents types de propriétaires tout en répondant à l’urgence de développer des logements abordables. Une initiative à suivre de près pour les investisseurs immobiliers et les professionnels du secteur.
À PROPOS
Eric Nicolier, consultant et formateur spécialisé en droit et fiscalité immobilière, partage son expertise dans les secteurs de la finance, de la banque et de l’immobilier
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